Oxbow - The Narcotic Story
Quel est le meilleur groupe actuel ? Quel album de 2007 a déjà marqué une trace indélébile cette année ? A ces deux questions, plusieurs choix sont possibles. Les fanatiques de Blonde Redhead préfèrent largement les élucubrations gainsbourgiennes du 23 sorti en avril dernier ; les admirateurs de Arcade Fire ont eu leur Neon Bible. Qu'en est-il pour une bonne partie des adeptes de la noise ? D'aucuns hésiteraient entre Unsane et Battles. Si Visqueen est peut-être le meilleur album brutal de l'un et Mirrored complètement décalé pour l'autre, la palme revient quand même à The Narcotic Story d'Oxbow pour de nombreuses raisons.
Il est plutôt amusant de constater avec quelle facilité les auditeurs peu convaincus casent cet album. On voit fleurir des commentaires qui frappent absolument à côté de l'essence du groupe, comme par exemple définir Eugene Robinson comme nouveau chantre du cartoon rock - "qui ne balance pas assez". Le plus comique dans l'affaire est surtout de considérer leur dernier album comme un jam avec les Animaniacs ! Imaginons le résultat d'une écoute du dernier Battles, et passons outre ces considérations si peu averties.
The Narcotic Story marque le retour d'un des groupes les plus cultes
encore en tournée, dans la lignée des Jesus Lizard et autres compères
de la scène noise. Un retour réussi : le trio ne manque pas de se
sacrifier corps et âme sur l'autel blues expérimental, au cours d'un
rituel chamanique perdu entre cris torturés et envolées orgasmiques.
La tension ici ne se relâche jamais tout à fait, c'est là la qualité primordiale de cet enregistrement. Oxbow a l'intelligence de ne pas se laisser aller à une certaine facilité qui ferait du groupe, non plus un ovni musical, mais juste un excellent hommage au noise des 90s. Oxbow va plus loin et garde en tête toute la puissance du blues, mise au service d'un son original et absolument respectueux de la démarche du groupe.
En résulte donc un chef-d'oeuvre tout en tension, une boule de nerfs lissée
pour une écoute moins nauséeuse qu'un Evil Heat et cependant aussi
profonde qu'un Serenade in Red. Oxbow ne parvient pas à dépasser les
précédents albums... il fait mieux en sublimant son style unique dans
une atmosphère sombre qui dépeint exactement les sensations du groupe
même. L'écoute, plus aisée malgré la folie inhérente des éclats de voix du frontman, en fait un album parfait pour découvrir ce trio tant apprécié des Français.
Ecouter ce groupe se révèle de nécessité cathartique. Foncez avant qu'une enclume (ou un piano à queue, sait-on jamais) ne vous tombe sur la tête.
Note générale : 20/20
*** Si vous aimez, essayez... ***
Oxbow - Serenade in Red
Oxbow - An Evil Heat
Battles - Mirrored