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Chroniques en Vrac
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  • Pour partager mes préférences musicales sous forme de chroniques semi-hebdomadaires, de coups de coeur en coups de gueule ; un intérêt certes limité, mais qui pourrait peut-être se révéler utile, à vous comme à moi.
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Chroniques en Vrac
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28 novembre 2006

Oxbow – Serenade In Red

oxbowUn cri strident résonne, déchirant la nuit de lambeaux d'agonie. Pas de doute, c'est bien un album d'Oxbow que vous venez de remettre à tourner pour la troisième fois d'affilée aujourd'hui, et vous commencez sérieusement à avoir des doutes sur vous-même. Que devez-vous conclure d'une telle addiction ? Vous avez vu, que dis-je, dévoré les DVD du groupe, sillonné avec force intérêt les webradios pour en écouter quelques pistes, mais jamais vraiment assez d'une oreille attentive ; or ici, il vous semble rester indubitablement scotché à une écoute dévastatrice. Votre cerveau analyse. Il se passe quelque chose dans votre tête. C'est dingue. Quelque chose de dingue dans votre tête. Oui. C'est fou. Fou. Je vous comprends.

Cité comme l'album référence parmi bon nombre d'amateurs, Serenade In Red est situé à mi-parcours de l'histoire d'un groupe unique, Oxbow : un quatuor de dérangés qui débute sa carrière en 1990, et qui après plus de quinze ans de service, sévit toujours dans le plan underground en délivrant son bilan de psychopathes. Cet album, sorti au départ en 1996 sur un label allemand – les Américains n'en voulaient pas – a été réédité depuis et on peut  désormais le trouver sur Ruminance Records, pour un prix plus abordable et avec deux bonus tracks – dont une cachée – soit un total de dix pistes en une heure de sons.
Serenade In Red, à l'instar des autres productions du groupe, est un album violent : c'est le moins qu'on puisse dire. Et comme le laisse présager le titre, les paroles vont porter sur l'amour, mais il serait naïf de croire à du pur déballage de sentiments. En réalité il dépeint une période difficile du chanteur, mêlant sentiment amoureux féroce et violence exacerbée. Une mauvaise passe tout aussi décelable dans sa façon de hurler à la mort que dans la mélodie, les compositions ne se contentent pas d'être excellentes, elles sont aussi variées. Ainsi, Over ou Lucky garderont le même esprit tandis que Luna aura un parfum jazzy très prononcé – une basse dissonante et un piano détraqué suffisent. Après l''évocateur Killer, Insane Asylum nous gratifie d'un silence pesant. Malgré tout, pas d'inquiétude : le tout sonne comme un manifeste sauvage de violence sinueuse et perverse.
Effectivement, la renommée – très relative – du groupe est en grande partie due à son frontman, le chanteur Eugene Robinson, comprenez armoire à glace en bois d'ébène, actif pour un webzine pornographique, genre celui dont on évite la rencontre un soir dans une ruelle sombre. Cest de lui d'où provient cette force malsaine et l'ambiance pesante de la musique ; vous vous sentez mal à l'aise en écoutant cet album ? Alors imaginez en live, sur scène, un grand costaud qui a pour habitude de se (faire) masturber en psalmodiant des paroles cauchemardesques. Là, c'est le malaise.

On peut très bien l'imaginer sur cet album, cette musique incroyable, mélange de noise menaçante et de cris dérangeants qui fait tenir en apnée auditive son auditeur, qui voit même dans leurs passages plus softs de vraies bouffées d'air frais qu'il juge presque comme une ambiance reposante. Une ombre rampante en forme de blues vénéneux, de la « musique pour adultes » à conseiller aux avertis : il s'agit là du dark side of the mood de l'expérimental, un son unique en son genre qui ne remémore rien de connu.

Oxbow, c'est dérangé. Oxbow, c'est malsain. Oxbow, c'est grand.

Oxbow, c'est peut-être un des meilleurs groupes actuels, bien que sa discographie élémentaire se place davantage dans les années 90. Aussi mythique et inimitable que The Jesus Lizard (on parle même du "Black David Yow"), il y a fort à parier que beaucoup de futurs groupes verront en eux de quoi jeter leur dévolu d'inspiration.

Note générale : 19/20

*** Si vous aimez, essayez... ***

Oxbow - Fuckfest / King Of The Jews
Oxbow - An Evil heat

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Commentaires
B
Sinon :<br /> - A la base c'est bel et bien un label allemand, renseigne-toi.<br /> - Je parle de l'édition que je possède !<br /> - Oui, honte sur moi.<br /> - J'adhère.<br /> <br /> Cool, man. ;)
M
TOP 10 de tout les temps.<br /> <br /> Sinon:<br /> - Cet album est sorti sur SST a la base et pas sur un label allemand.<br /> - Il n'y a pas de Bonus tracks sur la réedition de SST.<br /> - Tu n'a pas parlé de Marianne Faithfull<br /> - Niko Werner est un guitariste de génie<br /> <br /> Sinon cool.
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