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Chroniques en Vrac
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  • Pour partager mes préférences musicales sous forme de chroniques semi-hebdomadaires, de coups de coeur en coups de gueule ; un intérêt certes limité, mais qui pourrait peut-être se révéler utile, à vous comme à moi.
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Chroniques en Vrac
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6 octobre 2007

Keiji Haino - "C'est Parfait"

cparfait_aDécidemment je suis incorrigible. Jetez-moi des pierres, je vais encore parler de cette icône de l'underground. Je viens de découvrir encore une partie de sa discographie, et il y a tant de choses à en dire - et si peu d'interlocuteurs - qu'il n'est pas aisé de laisser ces mots dans ma tête sans qu'il n'en ressortent quelques uns malgré moi. Cette fois je me penche sur un album unique de Haino, une expérience comme nulle autre, au titre français plus qu'explicite (...pour une fois, ahah). Il ne s'agit certainement pas de la dernière chronique sur Keiji Haino, j'en suis désolé. Ou pas. Ca fera plaisir au canadien qui est venu y a pas longtemps juste pour lui !

Sorti en 2003, cet album au nom à rallonge bien que généralement tronqué (C'est Parfait, Endoctriné tu Tombes la Tête la Première n'Essayant Pas de Comprendre Quelque Chose Si tu te Prépares à la Décision d'Accepter de Tout Comprendre en Toi-Même Cela se Résoudra) n'a pas son pareil, même au sein de la discographie de Keiji Haino. Seule la construction de l'album permet d'établir un lien direct avec l'artiste, soit une piste de 44 minutes de concert live (enregistrée le 31 mars 2002 à Tokyo) avec de longs passages vocaux.
Tout est pourtant différent. C'est Parfait noue officiellement le lien entre l'artiste et le turntablism d'une façon complètement inédite : l'enregistrement se perd entre des samples de cris stridents, de hurlements sombres et de nombreuses pistes rythmiques pour un résultat sans pair. En effet, contrairement à son faiblard album solo de batterie et percussions, Haino se lance définitivement corps et âme dans un travail autrement plus complexe, riche et détaillé.
Les timbres de voix se mélangent, les percussions se mêlent, leurs timbres profonds s'échappent et finissent par se croiser pour finir dans un maelström assourdissant ; un passage calme à la demi-heure d'écoute, puis l'enregistrement gagne en puissance après un long passage vocal, Haino balayant tous ses samples dans une tornade furieuse de sons étranges, perdus entre rototoms, cowbells, cliquetis de cymbales et voix multiples.
La singularité tient en quelques mots : Haino établit presque un nouveau style musical, à mi-chemin du DJ no wave et du vocaliste expérimental, fondé sur de sourds plans rythmiques aiguisés par de nombreuses digressions et roulements métalliques. Difficile d'exprimer, de définir ce qu'il se passe en trois quarts d'heure ; on retiendra simplement la sensation d'être passé dans un lavomatic pour instruments à percussions, et c'est la tête à l'envers et le cerveau plein de sonorités nouvelles qu'on en ressort, vidé et songeur.

C'est Parfait fait donc partie de ces expériences inoubliables, forgées sur on-ne-sait-quoi, un éclair de génie ; instants rares, précieux, recherchés et appréciés des amateurs (d'autant plus que celui-ci n'est pas sorti sur PSF mais sur l'obscur label Turtle Dreams, à tirage limité, pour le plus grand plaisir des record geeks de mon espèce), lesquels s'accordent à consacrer cet album comme le plus singulier de tous.

Cet album ne peut faire l'unanimité. Il est pourtant doué d'un très grand intérêt en plus d'une production excellente, et en cela mérite l'excellente note qui lui est attribuée, que les grands aventuriers mélomanes corroboreront sans aucun souci.

SHUT THE F**** UP AND GIMME THE SWORD => DOWNLOAD

Note générale : 19/20

*** Si vous aimez, essayez... ***

Keiji Haino - Uchu Ni Karami Tsuite Iru Waga Itami 

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Commentaires
B
... impossible de trouver une faute dans une si bonne description. Merci encore de parler un peu de ce mec et en ces termes, c'est encore trop sombre pour être relativement reconnu, mais alors quelle patate il a ce Keiji !<br /> <br /> J'aimerais bientôt faire une chronique des Rallizes Denudes, ce live ultra-puissant, encore faut-il que je trouve des mots justes comme beaucoup savent le faire :)
D
...et c'est justement ça qui est bien de pouvoir demeurer incorrigé car quand on a de la passion pour un artiste et son oeuvre, du reste chacun a sa propre rencontre au moins une fois dans sa vie, on le défend jusqu'au bout bec et ongles ;)<br /> <br /> Voilà ce que disent mes modestes yeureilles de ce disque que tu as eu l'amabilité de nous proposer et de souhaiter partager avec nous...<br /> <br /> Il est très oppressant et mystérieux oui, industriel, construction d'imaginaires sombres, conciliabules d'un autre monde ou d'un autre espace-temps, des mutants sont partout dans les rues blafardes et craquelées, on est en plein dans une expérience sonique à la Fred Frith, une sorte de Brazil bruitiste Gilliamisé, ça me rappelle aussi un groupe de ce genre (mais sans le vocal) que j'avais vu il y a quelques années, Lux Nox, sur les rives de l'electro-acoustique, avec des "à peine chuchotés" au sax, un clavieriste vétu de noir bougeant les bras comme un mime et plaquant ses accords avec un maniérisme outré, et un electro-acousticien avec ses appareillages remplissant une pleine table et créant des "impressions" sonores parfois comme des grondements dans les tempes, sons probablement prélevés des entrailles encore fumantes de quelque machine industrielle épuisée d'une autre époque...<br /> <br /> Merci cher confrère !<br /> ;)
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