The Stooges – The Weirdness
Il ne faut pas chercher bien loin pour comprendre que les années 2000, en particulier ces trois dernières années, nous pondent une collection immense de rééditions avec maints bonus, moults reformations inattendues et pléthores de compilations de hits poussiéreux depuis longtemps perdus. Le retour du label Stax, des groupes comme Genesis ou The Police, la sortie des NYA... Forcément, dans ce cadre-ci, apprendre que les Stooges se sont reformés n'étonne presque personne, même s'il est vrai qu'on aurait bien envie de voir ce groupe mythique évoluer sur scène. Par contre, la sortie d'un album de leur part était quelque chose d'inespéré, une grande nouvelle ! Surtout lorsque l'on s'attarde sur l'affiche : Mike Watt prendrait la basse et Steve Albini produirait cet album, presque 40 ans après le premier opus éponyme des bouffons de Détroit. O joie ! Fuck fuck fuck !
O désillusion !
Malheur, on savait qu'Iggy Pop ne nous faisait plus vraiment rêver,
qu'il était capable du pire comme du meilleur, mais sur ce
coup c'est du beau gâchis. The Weirdness est d'une
platitude violente. C'est bien simple, on croit que tout le monde est
à l'ouest. D'abord, Albini semble avoir oublié sa façon
d'enregistrer, comme si Rapeman et Big Black n'avaient jamais existé.
Ensuite, Mike Watt paraît complètement absent, lui qui
aurait pu apporter beaucoup à la musique ; aurait-il mieux
valu quelques reprises de vieux tubes pour l'entendre manipuler son
instrument avec la fureur de ses concerts ? Car l'esprit des Minutemen n'y est pas.
Finalement, Iggy a
peut-être voulu mener la barque, montrer que c'est encore lui le patron. Toujours est-il qu'il n'y a
ici absolument rien d'exceptionnel ; bon, rien de bien mauvais non plus, c'est même sa meilleure création depuis quelques temps. Malgré cela, les morceaux
s'enchaînent et ne convainquent pas. Les fans sont à
coup sûr déçus, incrédules, malgré
quelques bons moments passés avec Freek and Freaky ou Idea of Fun,
éparpillés çà et là dans une petite quarantaine de minutes passées à
se ronger les ongles en se demandant où est passée
la rage ancestrale de ces précurseurs du punk.
Il
semblerait qu'elle se soit en fait évaporée avec les
dollars de ces bons vieux rockers, auteurs de cet album de la
retraite, parodie usée de leurs premiers hauts faits. On ne retiendra pas grand chose de cette réapparition
de 2007, pâle reflet d'un groupe mythique. On
préfèrera considérer ça comme un coup marketing dans l'ère du temps, certes délectable en live mais pas en studio, et s'en aller chercher un bon groupe punk. Et tant qu'à
faire pourquoi pas des vieux toujours au sommet de leur art. Pourquoi
pas taper dans le répertoire des NoMeansNo plutôt que de
s'attarder davantage sur les restes d'une bestialité fânée
qui plaira surtout aux émos, hypes et autres utilisateurs de
myspace en manque de crédibilité.
The Weirdness aurait peut-être du s'appeler The Weakness... dommage.
Note générale : 10/20
*** Si vous aimez, essayez... ***
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