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Chroniques en Vrac
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  • Pour partager mes préférences musicales sous forme de chroniques semi-hebdomadaires, de coups de coeur en coups de gueule ; un intérêt certes limité, mais qui pourrait peut-être se révéler utile, à vous comme à moi.
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6 mars 2007

MF Doom – Special Herbs, the BOXSET Vol. 0-9

mf_specialherbs06Il est parfois bien difficile de devoir parler d'une découverte personnelle alors qu'il s'agit pour d'autres d'un artiste bien connu : le chroniqueur qui doit faire face à ceux qui connaissent le mythe alors que lui-même ne le connais que depuis peu. MF Doom fait partie de ces révélations qui me font penser que finalement, tout ce que je sais, c'est que je ne sais encore rien. Et quand bien même je croirais avoir trouvé mon artiste hip hop favori, il faudrait attendre que quelqu'un d'autre ne vienne lui prendre la place. C'est certain. Pourtant, malgré ma connaissance peu approfondie de l'histoire du rap, je suis bien décidé à parler un peu de ce type dans un nouveau dossier portrait, puisqu'il est au coeur de l'actualité du genre. C'est parti !

Daniel Dumile, né à Londres le 9 janvier 1971, ne restera pas longtemps au Royaume-Uni puisque sa famille décidera de déménager à Long Island, NYC. C'est à 18 ans qu'il commence à faire sérieusement parler de lui avecblackbastards son frère cadet aka DJ Subroc, comme membres  du groupe KMD avec Onyx. « Kausing Much Damage » deviendra vite « positive Kause of a Much Damaged society » puisqu'ils signeront avec le label Elektra pour deux albums qui se voudront engagés contre la ségrégation raciale encore latente aux States. Mr Hood ne connaîtra un franc succès que plus tard (vers 1995) comme fer de lance d'une nouvelle conception du hip hop ; car au début des 90s ce seront surtout des artistes comme Ice Cube (AmeriKKKa's Most Wanted) ou Public Enemy (Fear of a Black Planet) qui caracoleront en tête des charts. Dumile  connaîtra par la suite une mauvaise période entre 1993 et 1997, puisque son frère décédera renversé par une voiture et qu'en prime Elektra lui refusera la signature de Black Bastards, autre monument refusé pour cause d'une pochette très controversée – le titre comme jeu du pendu avec une représentation cartoonesque d'un petit noir au bout d'une corde...

MF Doom n'apparaîtra qu'en 1999 avec la sortie d'Operation: Doomsday, masquant un Daniel Dumile ayant eu peine à se relever de ses blessures et tourné contre l'industrie qui l'a « atrocement déformé ». Car effectivement, l'ancien Zev Love X s'est transformé en super-vilain obèse, homme au masque de fer directement calqué sur le personnage de Dr Doom de la série de comics Fantastic Four. Comme sorti de nulle part, puisque personne en 1997 ne savait qu'il recommençait à tourner comme MC (notamment au Nuyorican Poets Café), son masque deviendra un symbole au design navigant entre celui du comic et celui du Gladiator de Russel Crowe.

mfportrait

MF pour Metal Face donc, mais aussi pour le Metal Fingers auteur de sons purement géniaux de groove (et pourquoi pas Mother Fucking Doom)... La renaissance de Dumile à travers ce personnage va marquer un point crucial dans l'évolution de la culture hip hop underground, grâce à un son east-coast mixant avec génie des samples groovy à d'autres kitch datant des 80s.
C'est ainsi que Daniel Dumile devient un artiste indépendant, une icône signant l'incomparable Operation: Doomsday d'abord pour Fondle'em (la version 1999 est introuvable avec ses samples de Marvel) puis SubVerse (en 2000 et 2001 !)... un pilier majeur, un point de départ d'une nouvelle carrière exemplaire, faite non seulement d'albums de rap purement exquis mais aussi d'une série de travaux instrumentaux, les fameux volumes Special Herbs.

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Ainsi, c'est en 2001 que MF Doom commence à compiler toutes ses trouvailles sonores en différents volumes, numérotés de 1 à 9 ( et 0), aux jaquettes reprenant des images vintage du comic des Fantastic Four, introducing Dr Doom (du moins jusqu'aux volumes 5-6) comme un écho de la pochette interne de sa première production. Le tout ressortira sous forme de mix début 2006 (je vais y revenir).
Entre-temps, la réputation de MF Doom va prendre de l'ampleur jusqu'à devenir un véirtable phénomène qui explosera littéralement en 2003 et 2004, les années MF, pendant laquelle il jouera au chat et à la souris avec ses fans en adoptant divers pseudonymes. En 2003 : King Geedorah, Viktor Vaughn, puis l'apparition sur l'album de Monta Island Czars aux côté de Kurious et son pote MF Grimm (cf. respectivement ? et Tick Tick sur Operation: Doomsday), et enfin production de l'album Nastradoomus avec Nas. Comparé à Madlib (aka Quasimoto), il enchaînera rapidement les collaborations et projets, avec la naissance de Madvillain en 2004, année de son second album solo, l'excellent Mm... Food, semblable en structuration de morceau. Danger Doom en 2005, né de son association avec Danger Mouse.
Bref, Doom collectionne les projets, et ça marche : les critiques sont unanimes, on parle même de références pour le premier album de Viktor Vaugh et celui de Madvillain. Chaque sortie de l'ancien KMD est désormais à surveiller, et d'ici avril 2007 on devrait avoir droit à Swift and Changeable, soit le premier album de MF Doom & Ghostface Killah, cf. le Wu-Tang Clan. Du gros son en perspective...

kgeedorahleadermadvillainviktorvaughn

Mais revenons à nos moutons ; il faudra donc attendre janvier 2006, après maintes collaborations et side-projects, pour que MF Doom nous ponde une perle de mixtape : le Special Herbs Boxset, mixture spéciale préparée aux petits oignons. Le genre de cadeaux tombés du ciel puisque outre les 3 heures de rétrospective instrumentale, il nous offre 10 « Secret Herbs & spices from the KMD kitchen », comprenez des titres inédits de feu son premier groupe. A quoi cela ressemble-t-il ?

Tout d'abord, visuellement, l'objet en lui-même est magnifique. La pochette est signée Matt Doszocs et annonce clairement la couleur : MF the Supervilain nous invite dans sa cuisine pour nous présenter un assortiment unique d'assaisonnements de derrière sa table de mixage ! La recette devrait fonctionner, car ouvrir ce petit coffret rappelle étrangement la sensation de feuilleter un vieux recueil de cuisine, façon mamie gâteau. Bref, vous l'aurez compris, cette compilation présente bien et peut se dévorer rien qu'avec les yeux.

C'est donc en toute logique que l'on commence à goûter la saveur de ces ingrédients, une préparation en trois étapes difficilement séparables.

Le premier disque contient 37 pistes. Silence, ça tourne ! Ahlala, qu'il est fort le roi Ghidra, il balance direct la sauce avec un Arrow Root qui fera frémir les adorateurs du premier album solo (sample à la base du titre Doomsday). Le disque se déroule tranquillement, quelque part on aimerait aussi avoir des versions rappées (comme des carottes, ahahah) mais que dire sur des tubes incontestables comme Coffin Nails, ceux qui se suffisent à eux-mêmes ? Même si l'on se rend finalement vite compte que chaque boucle ne fait pas plus de deux minutes, dans lesquelles MF Doom laisse parler ses talents de producteur en distillant des sons efficaces alliés à des beats très recherchés. On navigue facilement entre des plans jazzy à des samples plus rock, sans pour autant être des riffs de hard qui gâcheraient la composition sous prétexte de fusionner les styles. Ca s'appelle du génie, et ça dure bien une heure et quart pour la première partie.
Second disque : c'est reparti pour un tour, nous voilà lancés pour 35 autres herbes spéciales et on s'imagine encore une fois à tracer la route seul, rien que pour savourer l'instant, sur ces sons tubesques comme Bark, Coca Leaf ou bien sûr Star Anis... Qui d'autre que MF Doom est capable de faire cohabiter dans son assiette de la purée 80s avec des épices groovy ? Imaginez un chef capable de rendre délicieux une charlotte de sardines à l'huile. Ici, même concept, le son kitch se marie étonnamment avec le reste, on n'en fait qu'une bouchée. Malheureusement, tout s'enchaîne si vite qu'on manque presque de temps pour savourer la texture même des productions proposées. Quand on y pense d'ailleurs, on peut quand même se faire la réflexion qu'un tel aperçu en quatrième vitesse pourrait gêner les puristes ; que cet objet ne conviendrait qu'à ceux qui n'ont pas la collection des volumes. Malgré tout, on ne peut pas cracher sur un plat au fumet qui émoustille si facilement nos tympans ; et en outre, voilà une friandise qui ne risque pas de nous faire friser l'indigestion. Un délice léger mais consistant, que rêver de mieux ? Pas besoin d'en dire davantage, pour le coup la popotte de Metal Finger c'est de la pure finesse, des doigts de fée métalliques qui caressent les styles, effleurent les sons et domptent les beats.
Le troisième disque, la partie secrète de la boxset vaut uniquement le coup pour ceux qui connaissent déjà bien le black lascar et qui adorent les premières heures de Zev Luv X. On découvre ici avec plaisir une dizaine de trésors enfouis sous le soleil des jours de KMD. Un petit plus qui ravira les geeks.

Au final, cette compilation de Special Herbs ne présente presque pas de défaut : elle donne un large panorama des meilleures créations de Metal Face dans un coffret classieux, plus de trois heures de musique non-stop qui éviteront l'achat des volumes deux par deux,  le tout aussi écoutable en fond musical lors d'une soirée entre amis que pour une analyse profonde des sons. Il faut cependant souligner son gros défaut, c'est qu'il s'agit d'une édition à tirage limité à 7500 exemplaires, donc si vous comptez vous offrir un peu de hip hop underground, n'attendez pas que les prix grimpent à la verticale comme cela se fait souvent lorsqu'on parle de MF Doom ou KMD !

doom9xsAujourd'hui encore, et plus que jamais, MF Doom est l'un des artistes dont on attend le plus. Après la création d'une page Myspace et quelques interviews, on en sait déjà plus sur le héros masqué. Il serait marié, aurait deux enfants (oui oui comme la série), et vivrait à Atlanta en Géorgie. Il a notamment expliqué que le masque qu'il porte est un contrepoint de l'industrie du rap qui véhicule plus les images que les idées... pourtant, certains forums de fans laissent présager que Dumile tomberait le masque. Ouh le vilain.

Quoi qu'il en soit, « peu importe l'apparence » dixit MF Doom, qui demeure bien un artiste majeur du hip hop, pionnier du nouveau son east coast des années 2000. Sa compilation de petites herbes fait voler haut, très haut ce qu'on appelle pourtant avec un air précieux l'underground new-yorkais ; comme si finalement, l'expérimental pouvait lui aussi sonner easy-listening.


Note générale : 18.5/20

*** Si vous aimez, essayez... ***

MF Doom – Operation: Doomsday
Viktor Vaughn – Vaudeville Villain
Madvillain – Madvillainy

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Commentaires
B
kikou doggfather (L)<br /> oh bah non oh no c d'la balle regarde diction il a karémen adoré ahah et moi o6 :P ;)<br /> big up, kissssssssss<br /> <br /> Ahah ;)<br /> C'est vrai que je préfère le supervillain, mais j'aime quand même beaucoup ce qu'a fait ce type, c'est très sympa à entendre, même si c'est moins... efficace, c'est ça !<br /> Allez keep on geeki... euh, keep on being a hip hop fan !
D
uke tu na pa le droit de dire ke oh no est dans e style de mf doom<br /> g entendu son album et franchemen le mem instrument est trop souvent utiliser ca manque doriginalité<br /> je diré mem ke j dilla a fait du meilleur boulot o nivo innovation largement je mettré un 3.5 mé pa un 4 duke mince! qt a la comparaison ac doom respecte le mythe merde! lol allez a plus gro kisss!
B
Eh ben didon, si toi aussi tu parles de Steve Albini, 'faut croire que tu vas finir par te convertir au noise un beau jour.. qui sait ?<br /> <br /> En tout cas je compte bien remanier cette chronique avec ton aide un de ces quatre, vu que le catalogue donne pas assez de détails ! ;)
D
Je ne tolère pas les gens qui n'aime pas cette musique.<br /> <br /> Antithèse de steve albini
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