Dazzling Killmen - Dig Out The Switch
En
général, quand on veut découvrir un groupe, on
se penche sur le premier album venu, au hasard des rencontres, la
naissance à de providentiels coups de coeur due à
l'amoureuse recherche d'une rareté aux fins fonds des bacs de
cds du fournisseur officiel du coin, choc de notre semence
musicophile contre cet ovule plat révélateur de
plaisirs singuliers. Ici, ça n'a pas été le cas.
Un pote m'avait conseillé Face Of Collapse, et
personnellement je savais que le dernier album de Dazzling Killmen
était un très bon Recuerda de 1996. Le problème,
c'est que je supporte moyennement qu'on me force la main... et en
plus, je préfère écouter ce qui colle au plus
près des racines du groupe - dans la limite du possible.
Ce
sont donc écoulés environ cinq mois entre le moment où
un pote a nommé son personnage de jeu d'aventure « Dazzling
Killmen » (allez-y, dites que c'est un geek, ça lui
fera plaisir !) et le moment où j'ai enfin pu dégoter
par Internet ce fameux Dig Out The Switch, soit le premier
album de groupe sorti en 1992 sur un petit label français, feu
Intellectual Convulsion. Cinq mois où je me suis tassé
l'esprit pour ne pas craquer sur la facilité, épiant
chaque recoin de boutique virtuelle pour trouver les (post-)premiers
pas d'un groupe que je savais déjà génial. Et je
les ai trouvés pour un prix plus qu'abordable, bonheur
ineffable de découvrir le groupe de Nick Sakes et de ses deux
poteaux étudiants de jazz au groove dangereusement mortel,
dans leur étape de découverte d'un (dés)équilibre
parfait.
Voyons
voir, combien de fois me suis-je écouté ce skeud en une
semaine et demie ? Six fois ? En période de partiels ? Oui, à
peu près. Rarement un album m'aura fait cet effet-là. Un
choc récent similaire à celui de Oxbow, mais en
différent : ici, tout est beaucoup plus speed, du hardcore en
veux-tu en voilà, du noise boosté à l'état
brut. De la poudre à canon qui parle, un ensemble énergique
au possible qui souffle dans les bronches et fait trembler le corps
tout entier.
Enregistré
par (l'omniprésent) Steve Albini, Dig Out The Switch
envoie la sauce dès la première seconde avec le combo d'opening
tracks de Serpentarium, Dig The Hole et Captain Is
Dead,
comprenez trois tubes de math-noise naissante, où le groupe de
St-Louis se lâche complètement, laisse l'empreinte et
étalonne le niveau du reste de ce superbe disque de musique
brute en état de grâce. Inutile de chercher à
comprendre, le sujet est maîtrisé de bout en bout, on
passe de tubes en tubes, c'est l'éclate totale. Une
démonstration de force aux dimensions de dialectique
mélodique. Une embarcation infernale en exploration d'un monde
nouveau, le mathcore ; entre horreur et violence, un coup de pied au
cul de la part d'un Lucifer aux santiagues de fonte, le tout au coeur d'une colonie de
bourrasques bruitistes.
Difficile d'en rajouter
davantage... Merde, je voudrais bien parler plus en profondeur d'un
tel album, mais c'est plus fort que moi, je dois m'en retourner
l'écouter. Ca fait pas une heure que je suis assis à
tenter de résumer l'intérêt de ce disque que ça
me démange déjà, je peux tout simplement pas me
passer de lui ; tant pis pour la qualité de la chronique,
démerdez-vous avec ce que j'ai dit ! Vous me comprendrez quand
vous arez vécu ça. Cet album est une tuerie,
point. Rajoutez « extatique » et « majeure »
si vous le voulez, ça correspond aussi à l'état
de transe qu'il procure. Peu importe.
Et dire que le temps que l'album soit enfin sorti, le groupe voulait plus en entendre parler. J'ai hâte de me farcir Face Of Collapse en plein dans les naseaux. Qu'y a-t-il à ajouter ? Agressif, forcené, furieux, sinon rien. Ceux qui aiment la violence sans concession, la noise la plus brutale : foncez. Amateurs de Godspeed You Black Emperor et autres groupes aux métissages atmosphériques, passez votre chemin, ou tentez le suicide. Voilà de la bonne « musique de zouaves » comme ne l'aiment pas les péteux hype.
Dazzling
Killmen : l'essayer, c'est l'adopter.
Note générale : 21/20
*** Si vous aimez, essayez... ***
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